c’est moi qui souligne

C'est moi qui souligne

Nina BERBEROVA

Mieux vaut qu’on le sache : C’est moi qui souligne n’est pas une biographie ordinaire. On n’y trouve ni la complaisance narrative ni l’étalage présomptueux des sentiments à quoi ce genre littéraire expose ceux qui s’y Vautrent. Les amateurs de sensations fortes ne seront ici comblés que s’ils ont assez de finesse pour goûter celles de l’esprit. Car Nina Berberova, qui décrit avec une farouche discrétion les actes intimes de sa vie, est en revanche capable des excursions les plus hardies dès lors qu’il s’agit des œuvres et des idées. Elle s’affirme également l’incomparable témoin des grandes convulsions de notre temps. La description de la Russie en proie aux premiers assauts de la révolution, l’élimination inexorable de l’intelligentsia, les affres de l’émigration, l’état de la France quand elle y vient et quand-la guerre s’y installe, véritables morceaux d’anthologie, laissent dans l’esprit du lecteur des empreintes profondes. C’était donc cela, se prend-on à dire, saisi par la force du regard.
Ce livre n’est pas le dernier à paraître dans l’œuvre de Nina Berberova, Tant s’en faut. Mais il est à coup sûr celui qui donne à tous les autres leur profondeur de champ et apporte en même temps à l’histoire de notre siècle une contribution inédite.

Publication:

Acte Sud 1993

Bibliothèque: 

Non pas encore

Une vie française

Une vie française

Petit-fils de berger pyrénéen, fils d’une correctrice de presse et d’un concessionnaire Simca à Toulouse, Paul Blick est d’abord un enfant de la Ve République. L’histoire de sa vie se confond avec celle d’une France qui crut à de Gaulle après 58 et à Pompidou après 68, s’offrit à Giscard avant de porter Mitterrand au pouvoir, pour se jeter finalement dans les bras de Chirac.
Et Paul, dans tout ça ? Après avoir découvert, comme il se doit, les joies de la différence dans le lit d’une petite Anglaise, il fait de vagues études, devient journaliste sportif et épouse Anna, la fille de son patron. Brillante chef d’entreprise, adepte d’Adam Smith et de la croissance à deux chiffres, celle-ci lui abandonne le terrain domestique. Devenu papa poule, Paul n’en mène pas moins une vie érotique aussi intense que secrète et se passionne pour les arbres, qu’il sait photographier comme personne.
Une vraie série noire – krach boursier, faillite, accident mortel, folie – se chargera d’apporter à cette comédie française un dénouement digne d’une tragédie antique. Jardinier mélancolique, Paul Blick prend discrètement congé, entre son petit-fils bien-aimé et sa fille schizophrène.
Si l’on retrouve ici la plupart des  » fondamentaux  » de Jean-Paul Dubois – dentistes sadiques, femmes dominatrices, mésalliances et trahisons conjugales, sans parler des indispensables tondeuses à gazon –, on y découvre une construction romanesque dont l’ampleur tranche avec le laconisme de ses autres livres. Cet admirateur de Philip Roth et de John Updike est de retour avec ce roman dont le souffle n’a rien à envier aux grandes sagas familiales, dans une traversée du siècle menée au pas de charge.